Nathalie Sécardin

Les « on » à l'encre
Après avoir dessiné des lignes de matière par agrégation d’éléments multiformes comme les gommettes, j’en viens à dessiner des « on » a la plume, sur de grandes feuilles, en variant les couleurs.
Par répétition et superposition, les « on » s’ordonnent ou sont mis en turbulence dans des trames expansives évoquant une structure. Cela ressemble à un texte. Si les rangées de « on » me font penser à une ligne textuelle, cela tient à l’équilibre entre le dessin et le signe linguistique « on ». Il est possible de voir le « on » comme une entité graphique tel un point, ou comme la syllabe d’un mot, ou encore comme le pronom impersonnel, qui renvoie à la notion d’indétermination du sujet.
Deux niveaux de lecture s’entrecroisent : une relation entre le dessin et l’écrit. Quand j’écris « on » il y a une complémentarité du mouvement de la main qui trace une lettre et dessine dans le même temps et le même geste.
Sur le plan de l’écriture, le signe « on » invite à entrer dans le champ de l’interprétation.
En effet, quel est le sens possible ? « on » comme contraire du « je » ? « on » comme principe d’indétermination ? Le mental cherche nécessairement une signification.
Sur le plan du dessin, « on » fonctionne comme une entité visuelle, comme un point ou une maille, un signe graphique, qui, répété à l’infini, forme une multiplicité. Visuellement, cela donne l’impression d’un bruissement. Un peu comme si l’impact du « on » disparaissait. Il n’y a pas de nécessité à pousser plus loin le champ de l’interprétation. Et, c’est cette dualité entre le signe plastique et linguistique qui m’intéresse pour créer un espace méditatif.
Ce travail évolue sur plusieurs années : avec un temps de dessins à l’encre, suivi d’une période où les « on » parlent (la ligne relationnelle), puis, de nouveau des lignes de « on » en peinture pour augmenter l’effet de grille.
A cela, s’ajoute un travail philosophique dans le cadre d’un mémoire de Master, pour comprendre la valeur du « on » chez Heidegger.









